Ballet mortel
La Mort danse,
Chorégraphie de l’apothéose,
Cérémonial du triomphe !
Créateur vaincu…
L’offrande de Dieu ?
Le Massacre de sa Création.
Pacte de soumission
Au renoncement de son éternité…
Germination dans le terreau des déjections
Doute fétide de l’agitation des élus au monde nouveau
Balayés par le vent de l’effroi
Noé
Embarqué dans l'obstacle
De l’Arche d’Alliance
L’assassin
Créateur sorcier
Des premiers temps du monde
Que même la mémoire effacera
Voguent
Férocité du désir.
Dépossédés de l’éternité
Les habitants de l’Arche copulent
Avec l’acharnement du désespoir
Ils refusent d’abdiquer
S’avilissant dans l’épreuve
Ils affrontent
Le fatalisme de la reproduction
Créant la férocité du désir
Echappant au Chaos
De la destinée destructrice
D’un Dieu ravageur
Aliéné de pouvoir.
La danse des sept voiles des nageoires royales de la princesse des sirènes qui tente auprès des habitants de l’Arche d’obtenir la tête de Noé, complice du criminel éternel.
La princesse des sirènes apparaît aux habitants de l’arche, soupçonneux et émerveillés par tant de grâce en ces temps si sombres de l’errance sur les eaux du déluge.
Tout au long du mur
Le long du mur
Pierre d’amertume
Le long du mur
Fers noirs
Le long du mur
Lichen moisissant
Le long du mur
Eaux suintantes
Le long du mur
Rouille mortifère
Le long du mur
Lueur de fiel
Le long du mur
Raclure de nos âmes
Le long du mur
Peur abstraite
Le long du mur
Angoisse putréfiée
Le long du mur
Notre chemin s’arrête
Le long du mur
Lamentation défunte
Le long du mur
Douleur obscure
Le long du mur
Mélancolie amère
L’ivraie déraisonne
La morte-saison de l’âme, s’étiolant
Tel Chronos au rythme des larmes
S’écoule dans le ruisseau des rides du temps
Sculptant nos corps et peaufinant l’image
Des souffrances abolies par la Destinée.
Danse sacrale de couples s’unissant dans la fange des terres marécageuses.
Étreinte querelleuse, contractive, tourbe de la destinée renaissante.
Culte de Vie,
Trépas défunt d’une ère de servilité à la pudeur.
Pénitence révolue.
Abjection de la calamité des frayeurs.
Harmonie de luxure orgiaque à la paillardise frénétique.
Le visage de Noé submergé par la dépression qui gronde, envahi par ces crimes à la Création.
Mais qu'est-ce qu'il est venu foutre là ce Dieu destructeur et assassin ?